Science in Society Archive

Les médecins britanniques demandent plus de recherches sur les impacts des Organismes Génétiquement Modifiés sur la santé

Source : Lim Li Ching , “Doctors want more research into GM health impacts”.

In Science in Society, issue 22, summer 2004, 30-31.

Traduction de Jacques Hallard , Ing.CNAM, Consultant indépendant
Courriel : jacques.hallard@wanadoo.fr

Note : les parties entre crochets [..] sont ajoutées par le traducteur dans le but d'éclairer éventuellement le lecteur francophone.

Abréviations :

BBC = British Broadcasting Corporation, l'agence britannique d'information.

BMA = British Medical Association = Association de la Médecine Britannique

OGM = Organismes Génétiquement Modifiés .

Quelques rappels de définitions :

Allergénicité : une réaction sensible, dite aussi allergique, de certains tissus de l'organisme, causée par des substances qualifiées d'allergènes, d'origine naturelle ou artificielle, et qui entrent en contact avec ces tissus.

Cultivar = variété de plante cultivée dans les conditions agronomiques et économiques.

Plantes transgéniques : plantes ayant fait l'objet d'une transformation génétique = OGM.

Transgène = séquences d'ADN intégrées dans le génome des plantes génétiquement modifiées.

Transformation ou manipulation génétique = transgénèse = ensemble de manipulations qui consistent à intégrer de l'ADN recombiné d'origine(s) diverse(s) dans du matériel vivant receveur.

L'Association de la Médecine Britannique [BMA], l'organisation professionnelle qui représente plus de la moitié des médecins [en Grande Bretagne], vient de publier une seconde déclaration provisoire sur les aliments [issus de produits] génétiquement modifiés et la santé le 9 mars 2004.

Coïncidence : le même jour, le gouvernement venait d'annoncer sa décision de permettre, en principe, la commercialisation d'un maïs génétiquement modifié !

La couverture médiatique a donné l'impression que la BMA avait fait marche arrière depuis son approche prudente reflétée par sa déclaration préliminaire de 1999 et qu'elle soutenait la position du gouvernement sur les OGM. Un titre a même indiqué que « la totalité des médecins approuvent la décision prises sur les OGM ».

La BBC a déclaré, sur son site Web, que la BMA soutenait maintenant les OGM, « dans un revirement surprenant de sa position depuis dix huit mois ».

En 1999, la BMA avait appelé à un moratoire sur toutes les cultures commerciales de plantes génétiquement modifiées, tant que leurs effets sur la santé humaine ne seraient pas connus. En novembre 2002, elle annonçait à la commission « Santé » du Parlement écossais, que l'on devait arrêter immédiatement les expérimentations de plantes génétiquement modifiées en Ecosse, au titre d'une mesure de précaution pour garantir la santé publique (voir « Stop GM crop trials », Science in Society, issue N°17).

Dans sa présentation, la BMA disait : « Il n'y a pas encore eu de travaux solides et approfondis sur les effets potentiellement dangereux des produits alimentaires génétiquement modifiés sur la santé humaine »

Contrairement à l'expression médiatique, la déclaration provisoire de la BMA en 2004 et sa communication de presse adoptent un ton plus prudent. Elles disent : «Bien que nous reconnaissions les avantages potentiels des plantes génétiquement modifiées, la preuve de leur bénéfice réel n'est pas encore suffisamment persuasif pour cultiver des plantes génétiquement modifiées aux dépens des autres alternatives conventionnelles qui peuvent être mises en œuvre au moins aussi efficacement ».

Et alors que la BMA affirmait que le potentiel des aliments génétiquement modifiés de causer des effets nuisibles à la santé, était très faible, elle ajoutait cependant : « les problèmes de sécurité ne peuvent pas être complètement écartés sur la base des informations actuellement disponibles ».

Elle a aussi souligné que beaucoup de questions sont sans réponses, en particulier en ce qui concerne les impacts potentiels à long terme des aliments génétiquement modifiés sur la santé humaine et l'environnement. Et qu'ainsi : « des recherches sont encore nécessaires dans certains domaines clés afin d'apaiser les inquiétudes sur les risques potentiels sur la santé et l'environnement ».

Le rapport identifie les domaines de recherches suivants :

Allergénicité : des travaux sont encore nécessaires pour élucider le potentiel des aliments génétiquement modifiés à produire des allergies. Ceci est particulièrement important lorsque que l'on produit des plantes génétiquement modifiées dont les aliments dérivés sont déjà connus pour leurs propriétés allergisantes, comme les cacahuètes, les céréales et le soja. De plus, l'inhalation et le contact avec l'épiderme peuvent être aussi importants que leur ingestion.

Situation nutritionnelle : Les aliments génétiquement modifiés peuvent présenter des effets différents sur des populations soumises à une alimentation pauvre et (ou) chez celles appartenant à des « groupes vulnérables », c'est-à-dire, en comparaison avec des individus en bonne santé : les fœtus, les nourrissons, les enfants, les femmes enceintes ou allaitantes, les personnes âgées et les personnes qui souffrent de maladies chroniques.

En particulier, tout produit alimentaire contenant des OGM et destiné à une consommation en grande quantité chez les nourrissons et les autres « groupes vulnérables », doit faire l'objet de procédures réglementaires rigoureuses d'autorisation.

Transfert génétique : Le transfert d'ADN entre espèces a été observé mais la BMA pense que sa signification est encore incertaine. Cependant elle souligne que nous avons besoin de savoir si le risque de transfert d'ADN est dans tous les cas augmenté par la modification génétique des aliments .

Impact sur l'environnement : il y a encore un évident besoin des recherches au cas par cas, sur les effets à long terme des plantes génétiquement modifiées sur l'environnement et la diversité biologique.Se référant aux évaluations qui ont été réalisées [ces dernières années] sur une large échelle au Royaume Uni, au niveau d'exploitations agricoles, la BMA a annoncé, dans sa communication à la presse, qu'il était important que « les plantes génétiquement modifiées qui sont plus dangereuses pour l'environnement que les cultivars conventionnels, ne soient pas autorisées pour un usage commercial ».

Dispositifs expérimentaux : davantage de recherches sont nécessaires sur la manière de conduire au mieux les expériences, sur l'évaluation des risques et sur les études de surveillance et de vigilance en ce qui concerne les cultures et les aliments génétiquement modifiés.

L'étiquetage des aliments génétiquement modifiés doit être poursuivi afin de pouvoir faciliter par la suite des recherches épidémiologiques et pour permettre aux consommateurs de choisir s'il veulent consommer ou non des aliments issus d'OGM.

La BMA recommande une attention particulière en pesant les avantages et les risques des OGM, en affirmant : «qu'il est prudent de rester sur la réserve et, avant tout, d'apprendre grâce à l'accumulation des savoirs et des expériences ».

Elle reconnaît également les vastes problèmes d'ordre économique et politique soulevés par les plantes OGM, y compris la monopolisation du secteur privé dans ce domaine, la privatisation de la recherche scientifique et leurs conséquences pour une évaluation indépendante des biotechnologies des transformations génétiques.

Elle demande aussi que l'on mette fin à l'affirmation selon laquelle les plantes OGM seraient nécessaires pour solutionner les problèmes de famines alimentaires.

L'ISIS se réjouit du fait que la BMA recommande avec insistance une grande précaution vis-à-vis des OGM et se montre d'accord avec cela dans sa déclaration.

Cependant, nous voudrions aussi avancer que, contrairement à l'interprétation de la BMA, il y a de plus en plus d'informations sur les possibles effets négatifs de l'impact des plantes et des aliments génétiquement modifiés sur la santé. Beaucoup de ces éléments sont des mises en garde déjà anciennes et elles doivent être prises en compte sérieusement.

Dossier ISIS28064 – Jacques Hallard, Ing.CNAM, consultant indépendant.
Adresse : 2240 chemin du Tilleul F.13160 Châteaurenard.
Courriel : jacques.hallard@wanadoo.fr

Article first published 03/12/02


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