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Contamination par des plantes génétiquement modifiées à 21 km et même au-delà
Aucune co-existence n'est possible

Des chercheurs ont trouvé que du pollen de plantes génétiquement modifiées avait pollinisé des plantes non OGM distantes de 21 km et prédisent un tableau encore plus sombre, d'après le Dr. Mae-Wan Ho

Le texte original en anglais et les références sont accessibles sur le web par : https://www.i-sis.org.uk/GMcontamination.php

Chacun sait à ce jour que la contamination de plantes cultivées non OGM par du pollen de plantes génétiquement modifiées est inévitable. Il y a eu, depuis 1997, 142 cas de contamination qui ont été enregistrés dans le monde entier. C'est une sous-estimation, car toutes les expéditions réalisées par bateau n'ont pas fait l'objet d'un examen pour vérifier l'absence de produits OGM et tout incident constaté n'a pas forcément été enregistré.

Beaucoup de consommateurs circonspects achètent des aliments provenant de l'agriculture biologique, afin éviter de manger de la nourriture issue d'OGM. Mais la contamination des produits alimentaires n'est plus aussi rare que cela.

Un cas récent de grave contamination se rapporte à une expédition de soja cultivé en agriculture biologique aux Etats-Unis. L'industriel concerné a fait analyser le contenu de l'expédition à la suite d'une mise en garde par un acheteur. Les résultats de laboratoire ont révélé une contamination massive de 20 pour cent par un certain OGM. Le certificateur AB n'était pas en mesure de poursuivre le fournisseur, qui se trouve aux Etats-Unis, et qui avait envoyé un échantillon différent pour le test de contrôle. L'industriel a perdu 100.000 $ dans cet incident, mais, de toutes façons, le fournisseur avait vendu sa récolte [2].

Peut-être en prévision de la contamination répandue dans les produits de l'agriculture biologique, le Conseil des Ministres de l'agriculture de l'Union Européenne a voté en juin 2007, un texte qui prévoit que les produits biologiques pourraient contenir jusqu'à 0.9 pour cent d'OGM [3], malgré le fait qu'en mars de la même année, le Parlement Européen avait fait passer une directive plaçant le seuil de contamination à 0.1 pour cent, seuil qui avait en effet été retenu, devant l'insistance de l'industrie des produits biologiques pour une « tolérance nulle », à cause d'une éventuelle contamination par des OGM.

Les distances actuelles de séparation et d'isolement entre les lots OGM et non OGM sont dérisoires

Le régime de réglementation actuel, qui autorise la culture dans des champs adjacents séparés par des dizaines ou des centaines de mètres, est basée sur l'hypothèse selon laquelle les distances de séparation sont suffisantes pour ramener des niveaux de pollinisation croisée à un minimum acceptable.

Les flux de pollen ne sont pas le seul moyen de la contamination à partir des plantes génétiquement modifiées. D'autres possibilités existent : les semences d'OGM, les impuretés dans les lots de graines, les plantes résultant d'une récolte précédente, les graines qui se sont échappées pendant le transport, les semences mélangées par inadvertance par les fournisseurs et pendant les traitements et les manipulations en usine. Les graines peuvent persister beaucoup plus longtemps et elles peuvent voyager beaucoup plus loin. Quand les mêmes machines sont utilisées dans plusieurs champs pour la moisson, les travaux culturaux et les pulvérisations, des graines peuvent aisément se trouver déplacées aux alentours, d'un champ à l'autre.

Mais même l'ampleur des pollinisations croisées est considérablement sous-estimée, comme il a été précisé : le pollen peut rester aéroporté pendant des heures et une vitesse de vent de 25 milles par heure n'est pas inhabituelle [4] ; c'est pourquoi une contamination de grande ampleur dans des lots de semences certifiées avait été détectée dès 2003 ( Transgenic Contamination of Certified Seed Stocks , SiS 19).

Deux études scientifiques récentes ont maintenant confirmé que l'ampleur des pollinisations croisées avait été considérablement sous-estimée.

Le pollen d'agrostide génétiquement modifiée se disperse à 21 kilomètres ou même au-delà

Une équipe de recherche conduite par des scientifiques de l'Agence de protection de l'environnement de Corvallis, Etat de l'Orégon aux Etats-Unis, a employé un modèle atmosphérique de vents soufflant au-dessus des champs cultivés avec l'agrostide génétiquement modifiée, pour observer la dispersion du pollen d'OGM, en combinant un modèle de simulation avec l'analyse réelle de la pollinisation croisée avec des plantes non OGM de la même espèce ou d'espèces apparentées [4]. L 'agrostide OGM était porteuse du caractère de tolérance au glyphosate ; ce dernier a fourni un marqueur de sélection pour la pollinisation croisée.

Pendant l'expérimentation en serre et au laboratoire, la descendance tolérante au glyphosate, existant parmi les plantes testées non génétiquement modifiées, a été retrouvée jusqu'à 21 kilomètres des champs de plantes OGM.

C'était conforme au modèle de la direction et de la vitesse de vent, qui a montré un mouvement de pollen jusqu'à 15 kilomètres des champs d'OGM au cours de la première heure ; et les distances de déplacement maximum ont monté jusqu'à 40 et 50 kilomètres, respectivement, au bout de deux heures et de trois heures. La période choisie de trois heures a été basée sur les résultats antérieurs, selon lesquels la viabilité du pollen de graminée tombait aux environs de zéro dans un délai de trois heures.

Ces résultats étaient en désaccord avec des expériences antérieures de petite taille, qui impliquaient des centaines de plantes génétiquement modifiées sur de petites parcelles de terrain, et qui avaient montré que la dispersion du pollen était limitée à quelques kilomètres seulement, tout simplement parce que la source du pollen d'OGM était trop petite. C'est comme de déposer une goutte d'encre dans un océan, où elle est très vite diluée.

Dans l'expérience actuelle, l' agrostide génétiquement modifiée a été semée sur 162 hectares, à raison d'environ 2,8 millions de semences par hectare. Ceci a normalement fourni une concentration élevée en pollen pour l'évaluation de sa dispersion. La diffusion potentielle maximum sur une distance de 21 kilomètres, qui a été observée, était une sous-estimation parce que les installations de filtrage du pollen n'ont pas été placées au-delà de la distance sur laquelle ont porté les observations. Selon le modèle, la contamination par l'OGM pourrait atteindre jusqu'à 75 kilomètres sous le vent, à partir d'un champ d'OGM.

Une modélisation réaliste montre que la dispersion du pollen est très variable et imprévisible, mais la plupart des études sous-estiment sa véritable ampleur

Dans une étude théorique semblable, des chercheurs de l'Université d'Exeter, au Royaume-Uni, ont utilisé des enregistrements de la direction et de la vitesse du vent de 27 stations météorologiques à travers l'Europe, afin de prévoir la dispersion du pollen et la pollinisation croisée due au vent chez le maïs, le colza oléagineux, la betterave à sucre et le riz [5].

Leurs résultats ont montré que les taux de pollinisation croisée changent considérablement selon l'orientation relative des champs OGM et des champs non OGM, d'une part, et essentiellement d'une année à l'autre, d'autre part. Le facteur principal de détermination est la direction de vent, qui explique la majeure partie de la variation, soit 75 pour cent dans le cas de maïs au Royaume-Uni.

Pour le maïs et le riz, les taux de pollinisation croisée sont relativement élevés, uniquement dans les situations où le champ non OGM est situé sous le vent, par rapport au champ OGM, en ce qui concerne les vents dominants au cours de la courte période de pollinisation.

En revanche, les taux de contamination varient le moins lorsque l'orientation du champ dans le cas des plantes qui ont des périodes de floraison relativement longues, telles que le colza oléagineux et la betterave à sucre, parce que la distribution des directions du vent devient plus grande, parce que la période de floraison s'allonge.

« En conséquence, même des expérimentations au champ avec des répétitions, peuvent donner une estimation inexacte des niveaux typiques de la pollinisation croisée et elles modifient donc de ce fait notre perception des distances de séparation et d'isolement qui sont exigées, pour détecter la présence subliminale, insidieuse, de plantes adventices génétiquement modifiées ».

Ce que l'on pourrait faire de mieux, serait de prévoir le plage probable dans les niveaux de pollinisation croisée sur la base des données, en général limitées, qui sont fournies par les expérimentations, puis d'introduire les délais de décalage entre les périodes de pics de floraison dans des domaines adjacents, fin de ramener la pollinisations croisée à un niveau spécifique.

Ce que le modèle indique réellement, c'est qu'un taux de contamination mesuré dans n'importe quelle expérience élémentaire, sans connaître les vents dominants, est incertain, parce que le vent change de direction de jour en jour et d'une année à l'autre. Le modèle donne des taux relatifs moyens, maximum et minimum, basés sur les conditions qui prévalent à ce moment là, et non pas des taux en valeur absolue.

Par exemple, supposons qu'un taux de 0,001 pour cent de contamination ait été mesuré dans un champ d'essai élémentaire et que les enregistrements météorologiques nécessaires ne soient pas disponibles. Pour le Royaume-Uni, la moyenne maximum et minimum des taux relatifs de pollinisation croisée pour le maïs ont été estimés par le modèle entre à 7 et 0,0005 respectivement, dans le cas du maïs cultivé dans des champs de dimension de 500m x 200m, et séparés par une distance de 1.000 m.

Le taux possible maximum est donné par le rapport du taux maximum sur le taux minimum, multiplié par le taux mesuré, c'est-à-dire, 7/0.0005 x 0.001 = 14 pour cent, ce qui est tout à fait substantiel. Si les conditions météorologiques ambiantes de temps et de vent étaient connues, alors l'évaluation pourrait s'améliorer considérablement.

Supposons que l'expérimentation de maïs ait été effectuée à Leeds en 1998, et que l'orientation relative des champs OGM et des champs non OGM ait été de 100 o , et selon les conditions des vents dominants, le taux relatif minimum aurait été de 0,5 tandis que le taux relatif maximum aurait été de 9,5, alors une valeur mesurée de 0,001 pour cent donnerait un taux possible maximum de 9.5/0.5 x 0.001 = 0.019 pour cent, soit considérablement moins que dans l'évaluation précédente.

La morale de cet exemple, c'est que la vitesse et la direction de vent devraient être mesurées pendant les futures expérimentations. De telle données n'existent pas actuellement.

Les chercheurs soulignent que leur analyse est conservatrice, parce que si une très grande quantité de pollen est libérée par de fortes rafales de vent, alors les taux de pollinisation croisée seront encore bien supérieurs.

Pour le colza, la betterave à sucre et le riz, les taux de contamination pourraient être réduits de 50 pour cent lorsque le décalage entre les moments de la floraison maximale des champs OGM et des champs non OGM est de 13 jours et de 90 pour cent quand le décalage est de 24 jours.

Pour le maïs, des réductions semblables exigent des décalages de seulement 4 et 8 jours respectivement, en raison de la période de floraison qui est plus courte.

Le maïs, la betterave à sucre et le riz sont presque entièrement pollinisés par le vent, tandis que le colza oléagineux est pollinisé à la fois par le vent et par les insectes.

Il faut arrêter de semer des plantes OGM dès maintenant

Il est clair que la contamination par des transgènes est inévitable si des plantes génétiquement modifiées sont semées.

Nous devons faire le choix dès maintenant de cesser la mise en place des cultures de plantes OGM, pour éviter non seulement les pertes économiques massives impliquées dans des incidents de contamination par des transgènes, mais également sur la base de l'évidence maintenant irréfutable, que les plantes cultivées génétiquement modifiées ne sont ni sûres ni soutenables [6, 7] ( Scientists for a GM Free Europe et No to GMOs, No To GM Science.

La version en français est intitulée : OGM - Des scientifiques et des députés européens se prononcent pour une Europe sans OGM, « libre d'OGM »

La version en français est intitulée : OGM - Stop aux OGM et stop aux recherches sur les modifications génétiques !

Article first published 27/06/07


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